Brigitte PAILLET croise dans des eaux mêlées, mais son sillage est rectiligne. Sculpteur, tout d'abord, elle commet rapidement des installations qui lui inspirent des grands dessins et des travaux que ne désavoueraient pas GILIOLI ou Jean ARP. Devant l'évidence de la familiarité de ses formes avec celles des formes à chapeaux elle assume en vrai professionnelle et C.A.P. de modiste en main, crée et participe à la haute couture, un œil sur l'aiguille et l'autre sur l'histoire de l'Art.

Elle met à contribution la paille, le feutre, la toile cirée, VAN EYCK, CARPACCIO et Pierro de la FRANCESCA. Elle coud dans son atelier encombré de machines aux cônes de fils multicolores, elle coud, première main dans les coulisses des défilés.

Funambule des Beaux-Arts en équilibre sur les frontières, elle avance résolue mais attentive.

La couture : une ouvrage de dame ?

La réflexion paraîtrait insultante si ce n'était la présence dominante des femmes dans l'univers de la sculpture, de Niki de SAINT-PHALLE à Rebecca HORN, de Marta PAN à Louise BOURGEOIS, de Germaine RICHIER à Louise NEVELSON.

Brigitte PAILLET danse sur ce fil ténu et solide à la fois. Solide, elle en donne la figure, mais son sourire franc et direct se fige parfois. Ses yeux se perdent, elle suit une pensée qui la traverse, la tire loin dans un monde dont elle nous offre un pan par le truchement de son œuvre.